Si elle s’exporte moins que les films japonais ou américains, l’animation française est reconnue à l’internationale grâce notamment à des écoles prestigieuses, des studios indépendants et des aides de l’État qui favorisent l’émergence de nombreux talents.

L'animation est une histoire française

L’Histoire de l'animation française commence à la fin du XIXe siècle, en 1892, avec l'artiste Émile Reynaud qui achève son théâtre optique, une invention qui lui permet de projeter ses Pantomimes lumineuses, les premiers dessins animés de l’histoire, d’un format de cinq à dix minutes, dont le plus cité est Pauvre Pierrot.

La France se fait pionnière dans les brevets subséquents à l'invention du Cinématographe. C’est en 1895 qu’Auguste et Louis Lumière mettent au point leur caméra Cinématographe, qui est à la fois une caméra de prise de vues et un projecteur de cinéma.

Le français Georges Méliès, considéré par beaucoup comme le papa de la science-fiction (Le Voyage dans la Lune), joue aussi un rôle important dans l’histoire de l’animation (en plus d’être pionnier du cinéma classique) grâce aux innovations de ses trucages, et notamment du principe de l’arrêt de caméra (que l’on nommera plus tard technique de la pixilation). Ce trucage, qui est l'un des plus anciens du cinéma, lui permet de créer des escamotages et des métamorphoses, comme on peut l’apercevoir dans ses films Escamotage d’une dame au théâtre Robert-Houdin (1896), et dans Le Château hanté (1897). L'effet spécial repose sur l’essence même de l’animation.

En 1908, Émile Cohl se lance à son tour dans l’animation avec son film Fantasmagorie, qui sera suivie d’une multitude d’autres petites créations aussi variées les unes que les autres. Son originalité, aussi bien technique qu’artistique, et son talent, lui a fait gagner une notoriété de précurseur dans le domaine, tant et si bien qu’il est parfois considéré comme l’inventeur du dessin animé, aux dépens de son confrère anglais James Stuart Blackton.

Paul Grimault

Un des réalisateurs français d'oeuvres animés les plus célèbres est Paul Grimault avec son film La Bergère et le Ramoneur (1953) premier long métrage d’animation mis en chantier en France, plus connu dans sa seconde version intitulée Le Roi et l'Oiseau (1980). Abordant des réflexions philosophiques au travers une fable politique, l’œuvre tire aussi avantage de ses dialogues écrits par Jacques Prévert.

René Laloux

René Laloux réalise le film de science-fiction philosophique et poétique La Planète Sauvage (1973), qui se distingue dès sa sortie comme un des plus grands films d’animation. L’histoire adaptée d’un roman de Stefan Wul représente les humains ravalés au rang d’animaux domestiques dans une réflexion sur la société et la nature humaine.

Adaptations de bandes dessinées franco-belges

Le succès de l'animation française doit beaucoup à celui de la bande dessinée franco-belge. Ainsi sont adaptées sur grand écran les aventures de Tintin, Astérix et Lucky Luke (pour ne citer qu’eux).

Jean-François Laguionie

Jean-François Laguionie, souvent considéré comme l’un des meilleurs cinéastes d’animation en France, nous propose son film Gwen, le livre de sable (1985), qui ne connait qu’un succès d’estime, mais qui surprend par ses originalités, ses dessins à la gouache, ainsi que son rythme et son ambiance contemplative.

Michel Ocelot

Le réalisateur français Michel Ocelot s’illustre grâce à un style très reconnaissable, et surtout pour sa maitrise de l’animation en papier découpé et de l’animation de silhouettes. C’est pourtant avec un dessin animé d’un genre plus conventionnel, mais pas moins original, qu’il se fait connaitre, Kirikou et la Sorcière (1998). Inspiré d'un conte africain, l’histoire met en scène un enfant minuscule qui s’oppose à la tyrannie d’une sorcière. Le film sait nous convaincre grâce à sa fraicheur et sa simplicité. Il démontre aussi que l’animation 2D a encore sa place au côté de la 3D.

Michel Ocelot sort la même année une compilation de contes en révélant cette fois-ci son travail de papier découpé dans le film Princes et Princesses. Un véritable effort de style.

Sylvain Chomet

Les triplettes de Belleville (2003), réalisé par l’innovant Sylvain Chomet, propose un nouveau regard sur l’animation, avec un style graphique charmant. Le réalisateur remet le couvert en 2010 avec L’Illusionniste, une œuvre tout aussi réussie.

D'autres films français notables

Persépolis (2007) de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi est un témoignage historique et une réflexion sur l’exil. Le film s’adresse donc à un public adulte.

Peint sur papier, La Jeune Fille sans mains (2016) de Sébastien Laudenbach fait appel à l’imagination du spectateur grâce à un audacieux style au rendu inachevé.

Claude Barras met à l'honneur l’animation en volume dans son film largement récompensé Ma vie de Courgette (2016).

Collaborations internationales

Enfin la France collabore pour une grande quantité de films avec d’autres pays européens, mais aussi du monde entier. C’est le cas par exemple pour la merveille visuelle La Tortue rouge (2016) de Michael Dudok de Wit coréalisé avec le Studio Ghibli.

L'animation française notable

De nos jours, le cinéma d'animation français tend à se fondre dans des coproductions internationales pour partager la charge des financements. Si le succès commercial des films de facture française reste à nuancer au niveau international, les compétences des techniciens de l'animation, formés dans des écoles prestigieuses telles que Les Gobelins, restent mondialement reconnues.