Films d'anthologies animés

Anthologie

Films d'anthologies animés

Dossier rédigé par Guillaume

Le film d'anthologie n'est pas un genre à proprement parler, mais plutôt un format narratif qui regroupe plusieurs segments ou récits distincts, souvent reliés par un thème commun ou une intention artistique. Cette structure est utilisée tant dans le cinéma traditionnel que dans l'animation pour offrir aux spectateurs une diversité de perspectives au sein d'une même œuvre.

 

Film d'anthologie animé

Dans le domaine de l'animation, le concept de film d'anthologie est le même que dans le cinéma traditionnel, et permet de proposer des courts métrages souvent inaccessibles au grand public. Chaque segment peut adopter une technique différente, qu'il s'agisse de l'animation 2D classique, de la stop-motion ou du CGI, et raconter des histoires distinctes, souvent reliées par un thème commun.

 

Le Prophète
Le Prophète - Roger Allers - 2014

 

Le film d'anthologie dans tous ses états

D'un site spécialisé à un autre, et dans diverses ressources documentaires, le film d'anthologie peut être identifié sous un éventail de noms très variés, souvent en raison de petites particularités distinguant les formats entre eux. Parfois, cette classification est bousculée par les interprétations propres à chaque rédaction, créant une diversité de significations qui rend le référencement de ce type de film complexe et difficile à suivre.

Pour le grand public, il est sans doute plus pratique de considérer que tous les films compilant des courts métrages relèvent d'une seule et même appellation. C'est la raison pour laquelle la rédaction de CinéAnimation a choisi de regrouper tous ces films sous une même étiquette : les films d'anthologie (qui, selon nous, englobe le plus large éventail de ces productions). Toutefois, il est essentiel de reconnaître que ses différences existent, notamment d'un point de vue créatif, et il est important de s'attarder sur cet aspect. Nous avons donc tenté de les démêler et de revenir à la source de chaque terme pour en tirer les meilleures définitions possibles.

 

Animatrix
Animatrix - Andy Jones, Mahiro Maeda, Shinichiro Watanabe, Yoshiaki Kawajiri, Takeshi Koike, Koji Morimoto, Peter Chung - 2003

 

Film d'anthologie, un terme plutôt générique

Un film d'anthologie est une œuvre unique composée de plusieurs courts métrages, chacun complet en soi et distinct des autres, bien que souvent liés par un thème, une prémisse ou un auteur commun.

Un film omnibus, un film-valise ou encore un film compilé sont des termes qui répondent à la même définition que le film d'anthologie. Les différences entre ces appellations résident davantage dans l'origine et l'utilisation de ces termes, selon l'époque ou leur contexte de production, plutôt que dans leur sens.

Un film composite est similaire à un film d'anthologie, mais contrairement à celui-ci, il peut inclure des segments qui ne suivent pas nécessairement un fil conducteur ou un thème unificateur strict. Un film composite peut également mélanger diverses techniques (animation, prises de vue réelles, stop-motion). En toute franchise, on ne voit pas vraiment une grande différence.

 

Manie Manie : Les Histoires du labyrinthe
Manie Manie : Les Histoires du labyrinthe - Rintaro, Yoshiaki Kawajiri, Katsuhiro Otomo - 1987

 

Film à sketches

Un film à sketches est similaire à un film d'anthologie. Cependant, ce terme est souvent utilisé pour désigner une œuvre composée qui explorer différents styles de comédie ou pour présenter des situations et des gags indépendants.

 

Bugs Bunny, Bip Bip : Le Film-poursuite
Bugs Bunny, Bip Bip : Le Film-poursuite - Chuck Jones - 1979

 

Film à segments

Un film à segments, aussi appelé film à segments unifiés ou film à segments thématiques, est un long métrage composé de plusieurs tableaux ou parties distinctes qui font partie d'un projet unique avec une intention narrative globale. Contrairement au film d'anthologie, les diverses séquences d'un film à segments sont souvent réalisées par la même équipe ou dans le cadre d'un projet cohérent, ce qui les lie de manière plus structurée, même si elles conservent des styles ou des narrations différentes. Les films à segments se caractérisent aussi par le fait que les séquences ou courts métrages qui les composent ont été conçus dès le départ pour faire partie intégrante d'une œuvre globale, sans intention de les commercialiser séparément.

 

Métal hurlant
Métal hurlant - Gerald Potterton - 1981

 

Film de compilation

Un film de compilation, qui nous induit en erreur avec le terme "film compilé", est un film composé de scènes tirées de deux ou plusieurs films ou programmes de télévision antérieurs et montées ensemble pour créer un nouveau film, que ce soit sur le même sujet ou sur un sujet différent. Certains épisodes de séries télévisées peuvent être compilés et montés en un seul film.

 

Les Enigmes de l'Atlantide - Victor Cook, Toby Shelton, Tad Stones - 2003
Les Énigmes de l'Atlantide - Victor Cook, Toby Shelton, Tad Stones - 2003

 

Film Collectif

Un film collectif est une œuvre réalisée par plusieurs réalisateurs ou équipes de production collaborant sur des segments distincts qui forment un tout cohérent. Chaque réalisateur apporte sa vision et son style à sa partie, ce qui permet de présenter une diversité de perspectives et de techniques au sein d'un même projet et d'une même histoire.

 

Dante's Inferno - Victor Cook, Mike Disa, Sangjin Kim, Shûkô Murase, Jong-Sik Nam, Lee Seung-Gyu, Yasuomi Umetsu - 2010

 

Hors sujet

Il est très courant d'entendre les termes "Programme de courts métrages" et "Film à épisodes" pour désigner les films d'anthologie, ce qui est une erreur. Bien que ces formats partagent certaines similitudes, comme le fait de regrouper plusieurs courts métrages, ils diffèrent par leur nature et leur structure.

Un programme de courts métrages est une collection de courts métrages distincts projetés ensemble dans le cadre d'une même séance. Ce type de programme est souvent utilisé lors de festivals de cinéma, d'événements spéciaux ou de projections dédiées à mettre en lumière la diversité des talents, des techniques et des styles artistiques dans le domaine du cinéma. Les programmes de courts métrages sont éphémères et, en règle générale, ne sont jamais commercialisés sous cette forme.

Enfin, le film à épisodes (ou serial), n'a absolument rien à voir avec les autres exemples cités. Structuré en plusieurs segments ou chapitres distincts, les films à épisodes font partie d'une même œuvre narrative. Chaque épisode possède sa propre cohérence et structure interne, tout en contribuant à l'évolution de l'intrigue globale ou au développement d'un thème central. Ce format permet de découper l'histoire en plusieurs parties, chacune enrichissant l'ensemble et apportant une progression au récit. Le procédé a connu son heure de gloire dans la première moitié du XXe siècle, mais il n'existe pas de film à épisodes animé à notre connaissance.

 

    Flash Gordon -  Frederick Stephani, Ray Taylor - 1936

 

Les premiers films d'anthologie

Fantasia, le troisième long métrage des studios Disney, est composé d’une série de sept séquences illustrant huit morceaux de musique classique, chacune dirigée par sa propre équipe. Le résultat est présenté par un maitre de cérémonie, afin de faire la liaison entre chaque segment. À ce titre, le chef d’œuvre est à considérer comme l'un des premiers films à segments de l'histoire du cinéma d'animation.

En 1999, les studios Disney retentent l’expérience du mariage de l'animation et de la musique classique avec Fantasia 2000, une invitation à l’imaginaire et surtout une claque esthétique, toujours sur le schéma du film à segments.

 

Fantasia et Fantasia 2000
Fantasia - Ben Sharpsteen - 1940 (à gauche) / Fantasia 2000 - Hendel Butoy - 1999

 

Malgré le désastre de l’exploitation de Fantasia (premier du nom) en 1940, le studio Disney qui souffrent du contexte économique fragilisé par la Seconde Guerre mondiale conserve ce modèle pour d’autres productions moins coûteuses, La Boîte à musique en 1946 et Mélodie Cocktail en 1948.

 

La Boîte à musique - Jack Kinney, Clyde Geronimi, Hamilton Luske, Joshua Meador, Robert Cormack - 1946
La Boîte à musique - Jack Kinney, Clyde Geronimi, Hamilton Luske, Joshua Meador, Robert Cormack - 1946

 

Coquin de Printemps (1947) et Le Crapaud et le Maître d'école (1950) se composent chacun de deux courts métrages distincts. Le contexte de cette approche remonte à la période de l'après-guerre, où les studios Disney, confrontés aux difficultés économiques dues à la Seconde Guerre mondiale, recherchent des moyens de produire des œuvres moins coûteuses que les longs métrages traditionnels. Les courts métrages, initialement produits de manière indépendante, sont ensuite rassemblés et exploités ensemble. Cette stratégie permet à Disney de maintenir sa présence sur le marché tout en optimisant ses ressources et en offrant au public une expérience cinématographique diversifiée.

 

Le Crapaud et le Maître d’École - James Algar, Clyde Geronimi, Jack Kinney - 1949
Le Crapaud et le Maître d’École - James Algar, Clyde Geronimi, Jack Kinney - 1949

 

Beaucoup l'ignore, mais Les Aventures de Winnie l’ourson (1977) est également un film d'anthologie, car il est la réunion de trois moyens métrages préexistants agrémentés de transitions inédites savamment intégrées (des éléments si fluides qu'ils brouillent les frontières avec la définition du film à segments).

 

Les Aventures de Winnie l'Ourson
Les Aventures de Winnie l’ourson - John Lounsbery, Wolfgang Reitherman - 1977

 

En sortant de l'école

Cette collection de courts métrages d’animation propose d’associer, dans la liberté artistique la plus exigeante, des poèmes et des jeunes réalisateurs tout juste sortis des écoles d’animation françaises. Chaque court est réalisé par un artiste différent, mais l'ensemble est réuni par un thème et un exercice commun.

 

En sortant de l'école
En sortant de l'école - Lila Peuscet, Céline Brengou, Alix Boiron-Albrespy, Caroline  Lefèvre, Héloïse Ferlay, Débora Cheyenne Cruchon, Marine Blin, Emilie Tronche, Marion Lacourt, Chenghua Yang, Wen Fan, Mengshi Fang - 2014

 

Autres exemples de films d'anthologie

Princes et Princesses de Michel Ocelot compile plusieurs contes présentés par deux enfants curieux et un technicien de cinéma. En 2011 et en 2016, le réalisateur poursuit l’expérience avec Les Contes de la nuit, puis Ivan Tsarevitch et la princesse changeante, sur le même principe.

 

Princes et princesses et Ivan Tsarevitch et la princesse changeante
Princes et Princesses - Michel Ocelot - 2000 (à gauche) / Ivan Tsarevitch et la princesse changeante - Michel Ocelot - 2016 (à droite)

 

Parfois des réalisateurs se réunissent autour d’un sujet précis, ce qui est le cas de Peur(s) du noir, sortie en 2008, composé de plusieurs courts métrages inédits ayant un thème commun.

 

Peur(s) du noir
Peur(s) du noir - Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Lorenzo Mattotti, Richard Mc Guire - 2008

 

Dans un autre registre, mais sur le même modèle, Dragon Ball Z, le film et Dragon Ball Z 2, le film regroupent pour le cinéma français deux OVA chacun. Les OVA (original video animation) sortiront toutefois en vidéo de manière indépendante.

 

Dragon Ball Z - L'attaque du dragon
Dragon Ball Z, le film - Shigeyasu Yamauchi, Mitsuo Ashimoto - 1995

 

 

L'importance du film d'anthologie

Le film d’anthologie présente souvent des qualités très variables, à raison qu’il soit composé de courts métrages notables, de vieux cartoons ou d’épisodes télévisés (ces derniers étant souvent les plus médiocres). Le film d’anthologie présente l’avantage de mettre en avant des courts métrages de qualité, souvent négligés par le grand public en raison de leur format.

 

Le Noël de Mickey
Le Noël de Mickey (que l'on retrouve dans Mickey, la magie de Noël) - Burny Mattinson - 1983