Histoire du Cinéma d'Animation: Diversité
Histoire du Cinéma d'Animation: Diversité
Dossier rédigé par Guillaume
Alors que Disney standardise l'art de l'animation, d'autres pionniers explorent d'autres techniques innovantes. Cette quatrième partie célèbre la diversité et la créativité qui ont enrichi l'évolution de l'animation, sous tout ses aspects.
Les Avant-gardistes
En marge de la standardisation dont Disney est le principal acteur, l’animation demeure un espace d’expérimentations. Des artistes avant-gardistes exploitent de nouvelles possibilités à travers le monde: l’italien Bruno Bozzetto avec ses courts métrages à teneur politique et satirique, ou encore le Britannique John Halas connu pour ses films d’animation de propagande.
Le réalisateur Norman McLaren, quant à lui, expérimente des techniques d’animation sans caméra, le grattage de pellicule, la peinture sur pellicule, et, plus étonnant encore, la peinture du son sur pellicule, qui consiste à composer la musique en grattant la piste sonore optique.
Le Néo-Zélandais Len Lye, lui aussi, utilise le grattage de pellicule. Son film Free Radicals a été réalisé en huit mois pour une durée de cinq minutes.
Le couple Claire Parker et Alexander Alexeieff sortent en 1933 un court métrage intitulé Une nuit sur le mont Chauve. Sa particularité se trouve dans sa technique extrêmement rare d’animation à l’écran d’épingles. Celle-ci permet une riche gamme de tons allant du noir au blanc.
Disney expérimente également en 1940 avec Fantasia, qui marie l’animation et la musique classique pour un résultat fascinant. Novatrice, l’œuvre utilise un procédé entièrement créé pour l’occasion, le Fantasound. Celui-ci permet de déployer un son stéréophonique en salle de cinéma. Malgré ces qualités indéniables, le film fait les frais de son exigence et souffre aussi du contexte économique fragilisé par la guerre. Son exploitation est un désastre. Fantasia se révèle un gouffre financier pour le studio, qui peinera à se relever de cet échec.
Propagande animée
L’animation est mise à contribution, durant la Seconde Guerre, pour diffuser de la propagande. Warner Bros produit la série Private Snafu (1942) destinée aux soldats. Disney tente de faire vivre son studio en répondant à des commandes du gouvernement. Ainsi dans The Thrifty Pig (1941) le Grand Méchant Loup devient un nazi essayant de détruire la maison des cochons. Donald, quant à lui, donne l’exemple dans le dessin animé Der Fuehrer's face (1943). Le long métrage Victoire dans les airs (1943), en revanche, n’est pas un film commissionné, mais une production délibérée de Disney mué par un désir sincère de présenter au public une théorie en laquelle il croyait autant que son auteur. Quoi qu’il en soit, le film hybride (mélange de prises de vue réel et d’animation) est tout de même destiné à sensibiliser les Américains à la guerre, et s’il ne peut être considéré comme un film de propagande a proprement parlé, l’intention s’y prête fortement.
L’Animation en volume
L'animation en volume, ou 3D réelle, met en scène des marionnettes, des jouets, et d'autres objets inanimés, comme dans Chicken Run (2000), pour prendre un exemple récent. La technique peut également s’appliquer à des sujets réels comme des animaux ou des humains, on parle alors de pixilation. Dans les deux cas, tout est enregistré par une caméra ou un appareil photo selon le principe de l’image par image, autrement dit le stop-motion.
En République Tchèque, Jiří Trnka popularise la technique de l’animation en volume dans les années 1940 et 1950 dans des courts et des longs métrages. L'un de ses plus appréciés est Les Vieilles Légendes Tchèques de 1952.
Certains réalisateurs de film en prises de vues réelles optent aussi pour les avantages de l’animation en volume pour leurs effets spéciaux. King Kong (1933) bénéficie d’une part considérable d’animation en volume, entre autres trucages. Bien plus tard, le film Jason et les Argonautes (1963) marquera les esprits avec ses squelettes animés. Malgré l’usage que ces exemples font de l'animation ils ne doivent pas être considérée comme des films hybrides (mélange d’animation et de prises de vue réelles), car l’intention de ces trucages est dans la recherche du réalisme, contrairement aux films hybrides qui acceptent, et parfois recherchent, l’effet de contraste.
Depuis sa filiale Touchstone, Disney fait le pari de l’animation en volume avec L’étrange Noël de Monsieur Jack (1993) réalisé par le talentueux Henry Selick et scénarisé par un certain Tim Burton.
L’Animation en pâte à modeler
L’animation en pâte à modeler est popularisée aux États-Unis par Art Clockey avec son personnage Gumby, créé en 1955. Ce dernier fait l’objet d’un long métrage en 1995, Gumby: The Movie.

Film hybride
Le mélange de l’animation et de prises de vues réelles est un art qui se pratique depuis quelques années déjà, surtout au sein des studios Disney, pourtant ce n’est qu’en 1964 qu’un film se démarque parmi les autres. Le chef d’œuvre Mary Poppins popularise largement le genre. Le film est magnifique sur tous les aspects, aussi beau que poétique, il enchante le public avec ses chansons et sa magie. Son succès est total, tant critique que public.
Vingt-quatre ans plus tard, Touchstone, une filiale de Walt Disney Pictures, s’associe à Amblin Entertainment pour produire l’étonnant Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988), une œuvre hors normes, mêlant comme jamais des personnages de dessins animés et de véritables acteurs au sein d'un même univers. La comédie, inspiré des films policiers d’époques, est tout bonnement bluffante.
L’Animation surréaliste
George Dunning réalise en 1968 le film Yellow Submarine, basé sur la chanson homonyme des Beatles, l'oeuvre s’impose dès sa sortie comme un incontournable de l’animation, autant pour son univers haut en couleur que pour son travail technique avant-gardiste. Le film musical surprend par ses aspects surréalistes et psychédéliques qui font de lui une curiosité créative unique.
Des Dessins dans le sable
Depuis les années 70, plusieurs réalisateurs s’essaient à l’animation de sable, qui consiste à utiliser ses propriétés plastiques pour réaliser des images en mouvement comme on le ferait avec la peinture. Eliot Noyes Jr emploie cette technique dans le court métrage Sandman (1973). L’animation de sable est parfois associée à l’animation en volume. Le château de sable (1977) de Co Hoedeman est sans doute l’exemple le plus parlant de cette combinaison. Le Hongrois Ferenc Cako s’illustre dans ce domaine avec notamment des performances d’animation en direct.
Des Films d’animation très sombres
The Plague Dogs, réalisé par l’américain Martin Rosen en 1982, est un film qui sort du lot, en raison de son ambiance sombre et triste. Son histoire déchirante raconte l’évasion de deux chiens d’un laboratoire d’expérimentations scientifiques. Le réalisateur s’était déjà fait remarquer en 1978 avec un film similaire, La Folle Escapade.
Pas pour les enfants
Le cinéma d’animation ne s’adresse pas uniquement aux enfants, même si son esthétique suggère fortement l’inverse. Le réalisateur américain Ralph Bakshi décide d’amener le genre dans un domaine inattendu en réalisant un dessin animé exclusivement à destination d'un public adulte. Fritz le chat, sorti en 1959, est un film très controversé, et pour cause, il est le premier long métrage d’animation à recevoir un classement X. L’histoire met en scène un chat anthropomorphe débridé dans une satire de la vie universitaire et de la sexualité libérée. Le film devient rapidement un succès mondial.
Fritz le chat semble susciter des vocations, et certains réalisateurs deviennent même des maitres du genre, tels que le belge Picha, l’anglais Phil Mulloy, ou encore l’américain Bill Plympton.
Le Cinéma d’animation n'échappe pas à la censure
La Chine apparait comme la championne dans le domaine de la censure, notamment dans le genre de l'animation. Déjà, en 1965, Wan Laiming (l’un des frères Wan à l’origine du film La Princesse à l’éventail de fer) sort Le Roi des singes, une adaptation de l’un des plus grands classiques littéraires du pays. L’œuvre sera censurée à cause du héros principal qui est la représentation de Mao Zedong, alors même qu'il apparait sous des aspects gratifiants.
Le Mouvement de la peinture d’art
La peinture animée reprend les caractéristiques et l’allure de la peinture d’art et y ajoute le mouvement. La technique trouve son origine dans Les pantomimes lumineuses d’Émile Reynaud. Le réalisateur russe Alexandre Petrov travaille la peinture sur verre dans les années 1990 ainsi que la Française Florence Miailhe dans les années 2000, et avec son long métrage étonnant La Traversée, sortie en 2021.
Des Films d'animation qui ont du style
Les triplettes de Belleville (2003), réalisé par l’innovant Sylvain Chomet, propose un nouveau regard sur l’animation, avec un style graphique charmant. Le réalisateur remet le couvert en 2010 avec L’Illusionniste, une œuvre tout aussi réussie.
Persépolis (2007) est un témoignage historique et une réflexion sur l’exil. Le film s’adresse donc à un public adulte. Cette production révèle elle aussi la qualité de l’animation française.
Le Brésil s’exporte à l’international avec Le Garçon et le monde (2013), un film adoptant un style naïf et coloré inspiré des dessins d’enfants.
Film d’animation peint sur papier, La Jeune Fille sans mains (2016) fait appel à l’imagination du spectateur grâce à un audacieux style au rendu inachevé.
La Passion Van Gogh (2017), quant à lui, se caractérise par une animation qui est effectuée à partir des toiles du célèbre peintre, ce qui lui donne une ambiance et un rendu uniques.
La partie six de ce dossier, L'Art de l'anime, est à découvrir ici.
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