Quand les films d’animation donnent vie aux jouets

Voyage à travers les univers connectés du transmedia

Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver…

Pas de doute, l’hiver arrive, et avec lui la magie de Noël qui s’installe doucement. Les sapins se parent de leurs plus belles lumières, et les cadeaux commencent à s’entasser en attendant le grand jour. Jeux et jouets en tout genre s’apprêtent à faire briller les yeux des petits… et des grands ! Mais certains jouets vont bien plus loin : ils s’offrent une seconde vie en devenant les héros du grand écran, troquant leur boîte en carton contre des salles de cinéma.

Aujourd’hui dans Mediamorphose, je t’invite à embarquer pour un voyage à travers ces licences légendaires qui ont su conquérir le cœur des cinéphiles. Grimpe à bord de l’Arcadia, et découvrons ensemble comment ces jouets sont passés des chambres d’enfants (mais pas que…) aux salles obscures !

Les débuts de la "toy mania" au cinéma

Si bien souvent une ribambelle de jouets voit le jour en merchandising pour surfer sur la popularité d'un film, c'est aussi parfois l'inverse qui se produit. Les années 80 marquent un tournant décisif : l’avènement des franchises toutes-puissantes. Des jouets emblématiques comme les Bisounours, Transformers ou G.I. Joe ne se contentent plus d’égayer les salles de jeux, ils prennent d’assaut nos télévisions. D’abord à travers des séries d’animation devenues cultes, puis en s’octroyant une place de choix sur le grand écran.

Pourquoi s’arrêter à la télévision quand Hollywood tend les bras ? Ces marques ont vite compris l’intérêt de multiplier les supports pour captiver leurs fans. L’objectif ? Émerveiller les enfants et leurs parents dans les salles obscures… tout en les incitant à compléter leur collection de figurines, de peluches et autres goodies. Car soyons honnêtes, le merchandising était déjà une mine d’or à l’époque. Alors, pourquoi se priver d’un voyage cinématographique capable d’amplifier encore la fièvre "toy mania" ?

Les Bisounours

Qui ne se souvient pas de ces adorables créatures colorées vivant au pays des Bisous, aux noms symboliques comme Grosbisou, Maminours, Touronchon, etc. ?

Peluches populaires dans les années 1980, elles ont connu un large succès avec plus de 40 millions d’exemplaires vendus à travers le monde entre 1983 et 1987. Toutes mignonnes avec des prénoms évocateurs, elles ont évolué au fil des années avec de nouveaux personnages. Il faut dire qu’elles ont eu leur moment de gloire et pas moins de 7 films d’animation à leur effigie.

Seuls les deux premiers sont sortis au cinéma, les autres n’ont eu droit qu’à une sortie en DVD. Mais heureusement que nous pouvons compter sur Tout-Calin, pour consoler les plus tristes.

Dans Les Bisounours, le film (1985) les jolies nounours vivant au pays des Bisous, viennent en aide à un jeune garçon nommé Kim qui est menacé par les forces maléfiques du sorcier No Heart. Malgré un scénario simple et sans grande originalité, cette première adaptation a été appréciée pour ses valeurs positives et son message sur l’amitié et l’entraide, typiques de l’univers des Bisounours. Il a suffisamment intéressé le jeune public pour offrir un second opus à ces créatures attachantes.

Sans prendre trop de risques, Les Bisounours 2, une nouvelle génération (1986) poursuis sur la lancée du premier en introduisant des Bisounours inédits et en explorant davantage leur pays fantastique. Il a consolidé la popularité de la marque dans les années 80 et permis la réalisation d’autres adaptations en  vidéofilms.

Les Transformers

Changement d’ambiance totale avec les Transformers, ces robots géants constitués de deux groupes qui s’affrontent : les Autobots et les Decepticons ! Leur spécificité : se transformer en véhicule, tous plus classes les uns que les autres.

Inspirés des jouets Diaclone et Microman, Hasbro achète les droits et, avec l’aide de Marvel Comics, leur crée un univers unique pour une réussite commerciale immédiate dès 1984. Tout comme les Bisounours, les figurines Transformers, déjà très populaires, ont eu droit à leur propre série avant de passer sur grand écran.

Ainsi, le premier long métrage La Guerre des robots - Transformers (1986) propose une histoire se déroulant entre la deuxième et la troisième saison de la série télévisée originale. Avec un scénario on ne peut plus classique — les Autobots luttent contre les Decepticons dans une bataille épique qui s’étend de la Terre à Cybertron —, le film a néanmoins tracé un tournant déterminant en introduisant des événements majeurs et des changements dans la fiction des Transformers.

40 ans plus tard, la franchise Transformers est l’une des plus prolifiques. Après le triomphe de l’adaptation de 1986, elle a donné naissance à de multiples séries animées, films live-action dirigés par Michael Bay, et autres produits dérivés.

Le dernier film d’animation en date, Transformers : Le Commencement (2024) est un préquel à la licence centrée sur les relations entre les deux ennemis de toujours : Optimus Prime (du côté des Autobots) et Mégatron (côté Decepticons).

Ainsi, les Transformers continuent d’être sur le devant de la scène et ont prouvé qu’on pouvait être fait de métal et attendrir les fans.

G.I. Joe

Autre jouet qui a su s’imposer au cinéma, le fameux G.I. Joe, accompagné de Snake Eyes, Duke, Commandant Cobra et bien d’autres.

Inspirés des forces spéciales américaines, les G.I. Joe ont pour ennemi juré l’organisation terroriste Cobra. Ces figurines créées par Hasbro ne datent pas d’hier. Apparues sur le marché en 1964, elles ont vraiment connu leur heure de gloire dans les années 80, avec au départ une série animée puis un film d’animation.

Dans l’adaptation G.I. Joe - Le film (1987), les G.I. font face à leur plus terrifiante menace lorsque Cobra lance un plan diabolique pour conquérir le monde. De nouveaux personnages et des rebondissements grandioses imprègnent ce long métrage salué pour son action palpitante et ses moments mémorables.

Dans les années 2000, la franchise s'est agrandi avec d'autres séries animées et un moyen métrage d’animation, G.I. Joe : Spy Troops (inédit en France). Trois films live action verront également le jour avec, entre autres, Channing Tatum, Bruce Willis ou encore Dwayne Johnson.

Ces premières transitions des dessins animés vers les longs métrages d’animation ont posé les bases pour de nombreuses adaptations à venir. Les franchises ont bien compris l’intérêt financier du cinéma qui permet de raconter de belles histoires autour de jouets ayant déjà fait leurs preuves auprès des enfants.

LEGO

Certaines marques comme LEGO sont devenues de véritables points de rencontre intergénérationnels. Les parents nostalgiques initient leurs enfants à ces jouets indémodables de leur jeunesse, tandis que des figures originales et de nouvelles licences viennent enrichir la marque. Des expositions apparaissent, réunissant petits et grands, autour d’événements ou de conventions pour célébrer ces jouets devenus mythiques. Les générations se croisent, se retrouvent, et les figurines, elles, demeurent et prennent vie grâce à la magie de l’animation.

Les célèbres briques emboîtables en plastique LEGO sont apparues en 1958. Grâce à leur système de fixation unique, elles offrent des constructions infinies laissant place à l’imagination et à la créativité.

Aujourd’hui, en s’associant à de nombreuses licences — Disney, Marvel, Harry Potter, Star Wars, Friends, etc. —, elles ont conquis un marché composé d’un public varié où l’âge ne compte plus. Il était tout naturel pour la marque de se diversifier et de proposer des séries et des films d’animation.

La Grande Aventure LEGO (2014) est un mélange d’humour et de rebondissements, bourré de références, avec des personnages comme Emmet, Lucy et le délirant Batman. Son sens principal "chacun peut être créatif" a plu au public, satisfait de cette première adaptation réussie, ouvrant la voie à trois autres films d'animation au succès certain. Une suite directe du premier film est soertie en 2019, elle aborde des thèmes comme la coopération et l’acceptation des différences. 

LEGO Batman, le film (2017) est un spin-off hilarant, centré sur une version exagérée et narcissique de Batman, pour un hommage parodique à l’univers DC Comics.

LEGO Ninjago, le film (2017) est adapté de la série animée LEGO Ninjago. Il explore les péripéties de ninjas luttant contre des forces maléfiques, avec une touche humoristique.

Ces adaptations en animation LEGO ont su atteindre leur objectif et se sont suffisamment diversifiées pour plaire à tout un chacun. Elles restent une référence pour leur humour et leur capacité à satisfaire toute la famille, avec des notions universelles et des clins d’œil que les fans adorent.

LEGO surfe sur sa popularité, accroît sans cesse les partenariats et étend son empire avec également des jeux vidéo qui cartonnent. Vous n’êtes donc pas près de les voir disparaître…

Playmobil

Playmobil… en avant les histoires ! (J’imagine que tu l’as lu en y mettant le rythme et la musique !)

Enfants comme adultes connaissent le slogan de ces mythiques petites figurines conçues en 1974 par le fabricant allemand Geobra Brandstätter. Elles ont captivé des générations grâce à leur simplicité et leur capacité à donner vie à des histoires infinies. Et pourtant, rien de bien sorcier : juste des environnements facilement identifiables aux possibilités narratives illimitées.

Étonnamment, malgré une forte présence dans la sphère du jouet, Playmobil s’est aventuré tardivement dans l’animation, récoltant au passage un accueil plutôt mitigé.

Playmobil, le Film (2019) est le seul long métrage animé de la franchise. Il mélange live-action et animation et suit Marla, une jeune fille qui se retrouve transportée dans l’univers des jouets Playmobil en cherchant son petit frère.

Le film emmène les spectateurs dans le lore cher à Playmobil — chevaliers, pirates, espions, etc. —, dans une course-poursuite infernale, mais cette intrigue a souffert d’une comparaison défavorable avec les productions LEGO.

Malgré des critiques tièdes, il a tout de même été apprécié pour son humour léger et ses clins d’œil aux thèmes Playmobil, qui, en termes de jouets, restent une référence inévitable. Leur capacité à nourrir l’imagination des petits et grands depuis tant d’années est la preuve que parfois, la simplicité est le secret de la longévité. Pourtant, afin de ne pas être en reste, Playmobil a dû faire lui aussi alliance avec d’autres licences phares comme Scooby-Doo, Retour vers le futur ou SOS Fantômes.

My Little Pony

C’est encore au géant Hasbro que l’on doit le lancement de My Little Pony en 1981 : une gamme de poneys en plastique, reconnaissables à leurs crinières colorées et à leurs "Cutie Marks" — des motifs uniques sur leurs flancs.

Bien plus que des petits chevaux aux jolies couleurs, ce jouet iconique des années 80 est devenu une marque internationale au succès commercial indéniable. Comme ses prédécesseurs, l’envie de séduire sur les écrans s’est fait ressentir, et dès 1986, My Little Pony s’est d’abord transformé en série puis en films d’animation.

Mon Petit Poney, le film (1986) est le premier long métrage de la franchise. L’histoire voit les poneys affronter une sorcière maléfique qui veut recouvrir leur vallée de glu. Un résultat modeste au box-office, mais une étape importante pour la licence.

My Little Pony, le film (2017) suit Twilight Sparkle et ses amis dans une quête pour sauver Equestria, leur royaume. Une production moderne, avec un style d’animation soigné et un casting vocal impressionnant (Emily Blunt, Sia), qui a été bien accueillie par les fans pour son ambiance fun et ses chansons entraînantes.

Le récite de My Little Pony: Nouvelle génération (2021) parcourt des thèmes d’unité et d’inclusion à travers les aventures de protagonistes originaux comme Sunny Starscout. Ce film souligne le passage à une toute nouvelle génération de poneys et adopte une technique en 3D.

My Little Pony a largement dépassé la simple marque de jouet et la franchise continue de produire du contenu, notamment sur des plateformes de streaming. Aujourd’hui, c’est un univers frais et chamarré qui a su transcender les âges, alliant magie, humour et idées positives.

Barbie

Ce mastodonte dans l’empire des jouets, depuis sa création en 1959 par Ruth Handler, a envahi le monde entier.

Barbie, la première poupée mannequin, a permis aux enfants de projeter leurs aspirations à travers une large gamme de professions et de styles. Car oui, depuis son lancement, Barbie a exercé plus de 200 métiers : de médecin à astronaute, en passant par présidente. Elle a tenté de mettre en avant des valeurs d’émancipation et de diversité pour offrir aux plus jeunes des modèles de poupées modernes. Néanmoins, ces belles intentions ne font pas le poids face aux critiques des standards de beauté irréalistes que véhicule Barbie depuis des décennies. Même si ces dernières années, Mattel a introduit des poupées inédites aux morphologies variées, à la peau de différentes teintes et parfois même avec des handicaps, ces changements ne sont pas toujours perceptibles dans les adaptations cinématographiques.

Dès 1987, Barbie connaît sa première version en série, mais ce sont véritablement les années 2000 qui voient le nombre d’adaptations Barbie exploser, avec à ce jour 37 films produits (majoritairement pour le marché de la vidéo). De quoi faire une overdose de rose et de coiffures impeccables, avec des résultats parfois en demi-teinte oscillant entre contes de fées classiques, récits modernes et moments éducatifs. Mais malgré tout, Barbie a su se faire une place de choix dans le cœur du public et reste un incontournable dans son genre.

Barbie dans Casse-Noisette (2001) est le tout premier film d’animation Barbie, et il est inspiré du célèbre ballet de Tchaïkovski. Barbie intègre ensuite des univers divers et variés: Barbie : Princesse Raiponce (2002), un conte de fées réinventé; Barbie : Fairytopia (2005), qui explore le genre de la fantasy; Barbie et la Magie des Dauphins (2017), un voyage aquatique...

Barbie est une figure intemporelle qui fascine petits et grands à travers les époques. Elle a su impacter le monde des jouets et l’industrie du divertissement, faisant face aux critiques tout en tentant d’améliorer son image.

Le dernier film live-action, Barbie (2023), avec Margot Robbie et Ryan Gosling, prouve que la marque inspire autant qu’elle fait débat et que la poupée mannequin a encore de beaux jours devant elle, avec sans doute à la clef, de nouvelles productions animés au niveau rehaussé.

Les Trolls

Je vous avoue, c’est en faisant mes recherches pour cette chronique que j’ai découvert que les Trolls — vous savez ces petits personnages aux cheveux ébouriffés et multicolores — étaient à l’origine des jouets bien avant de chanter pour le cinéma !

Inventés en 1959, par Thomas Dam — un sculpteur danois —, ces petites bestioles sont inspirées des créatures mythiques que l’on retrouve dans le folklore scandinave.

Au fil des décennies, les Trolls ont été réinventés avec des designs modernisés pour suivre les tendances et les attentes du public, comme celle d’avoir leur propre film d’animation.

Dans Les Trolls (2016) Poppy, la princesse optimiste des Trolls, et Branch, un Troll grincheux, doivent sauver leur communauté des Bergens, des créatures moroses qui mangent les Trolls pour être heureux.

Une explosion de couleurs, des chansons pop entraînantes et un message sur la joie et la positivité. Bref, une réussite cinématographique et un hit mondial, porté par la voix d’Anna Kendrick (Poppy) et Justin Timberlake (Branch), avec la chanson phare "Can’t Stop the Feeling!".

Les Trolls 2 : Tournée mondiale (2020) intègre les clans musicaux, chacun dédié à un style différent (pop, rock, country, techno, etc.). Poppy et Branch doivent unir les clans pour préserver leur harmonie. Bien que sorti pendant la pandémie de la Covid-19, le film célébrant la diversité musicale et culturelle a su se démarquer avec une sortie en streaming réussie.

Les Trolls 3 (2023) continue d’explorer les relations familiales et l’importance de la musique dans les contrées fantaisistes des Trolls. Toujours axé sur des visuels spectaculaires et des chansons entraînantes, il a ravi les fans de la marque.

Ces films, grâce à leur esthétique bigarrée et à leurs thèmes joyeux, ont rapidement su subjuguer la jeunesse. Sans parler des bandes-son pop pleines d’énergie qui résonnent auprès de tous les âges. Comme quoi, parfois, avoir les cheveux de toutes les couleurs et en pétard s’avère être une bonne chose, n’en déplaise à certains.

Une évolution au-delà du divertissement

Les jouets de notre enfance continuent de s’adapter au fil du temps, et leurs adaptations cinématographiques n’échappent pas à cette évolution. Si autrefois l’objectif était avant tout de divertir tout en mettant en avant les produits, les films d’animation issus de ces univers s’intéressent aujourd’hui à des thématiques bien plus profondes et universelles, touchant un public intergénérationnel, et présentant des contenus enrichis de valeurs et de réflexions qui résonnent avec notre époque. Les jouets ne sont plus seulement des objets de divertissement, mais des vecteurs de messages porteurs de sens.

Et voilà, cette chronique touche à sa fin ! Tu es peut-être un peu déçu de ne pas avoir vu Max Steel ou les Tortues Ninja s’inviter dans cet article, mais rassure-toi, Mediamorphose n’a pas dit son dernier mot. Ces héros de notre enfance reviendront tôt ou tard sur le devant de la scène, c’est promis.

En attendant, redécouvrir ces licences phares permet de voir comment les jouets ont su dépasser leur statut d’objets ordinaires. De petites figurines pour jouer et s’amuser, elles sont devenues des icônes, des produits collector, et surtout des compagnons de jeu qui, pour certains, nous accompagnent encore. Le passage de ces jouets au cinéma est une manière de prolonger la magie, de réinventer leurs histoires et d’inviter chaque génération à les redécouvrir. Finalement, ces films d’animation ne seraient-ils pas une ode à notre âme d’enfant, un prétexte idéal pour partager un moment d’évasion entre amis ou en famille ?